C’est le weekend, enfin, je vais pouvoir me prélasser tranquillement devant la cheminée et lire pendant 72 h sans ne rien faire d’autre, seulement lire et savourer l’instant.
La semaine fut longue et périlleuse, être une femme de 28 ans, ancien mannequin et travailler aussi dur après une vie de rêve ce n’est pas facile tous les jours surtout avec ces affamés, mais, j’aime ce que je fais, alors je m’autorise se droit bien mérité de temps en temps. Le téléphone portable est éteint, l’ordinateur est fermé, la télévision est débranchée, l’annulation de mon body gym du weekend est faite, je suis complètement déconnecté pour me plonger dans un somptueux repos du corps et de l’esprit.
J’allume le feu, je prépare ma couette préférée, elle est toute blanche et cotonneuse, bouclée comme les pyjamas des bébés, un régal de s’y prélasser, de quoi grignoter et j’enfile mon seul et unique pyjama tue l’amour mais, si douillé pour mon épiderme fragilisé par le froid et la fatigue. Un petit cocooning ça ravigote toujours.
Quel bonheur de s’étendre de tout son long, sentir chaque muscles perdre leurs pesanteurs, devenir légère au sens propre du terme.
Il y a tout particulièrement un livre dont j’ai envie, « Passion sanguine », je l’ai acheté il y a trois mois suite à la diffusion au cinéma du roman, le film était génial alors le livre, j’ai hâte! Il s’agit d’un peuple de vampire qui se mélange aux humains et comme tout vrai roman un amour impossible va se créer entre un « crochu » et une « saine ». Il est sur le haut de la pile.
J’attaque.
Les pages se tournent et se touchent assez vite, elles sentent la sueur des frissons ressentis, les coins se moites à chaque effleurement de mon index qui est de plus en plus éprît par le scénario, mon palais sèche mais je n’ai pas le courage de détourner les yeux pour attraper mon soda, et enfin au bout de trois heures je le fini. Quelle extase, encore une fois une larme ruisselle sur ma joue comme en salle. Un vrai chef d’œuvre. Je ne regrette pas mon choix, c’est un livre à lire et à relire.
Lundi je posterai un petit commentaire à l’auteur afin de lui signifier toute ma satisfaction.
Maintenant je peux enfin boire et à la paille, comme toute bonne fainéante qui soit.
Une pause pipi, cigarette, et c’est reparti pour une escapade littéraire.
Cette fois-ci je vais piocher dans la pile des livres offerts par mes amis, ils savent mon amour pour les belles lignes alors à la moindre occasion ils vont rien que pour moi traverser une librairie. C’est vraiment mignon de leurs parts.
Tout d’abord je regarde la couverture du livre, comme j’ai tout mon temps je ne scrute pas le nombre de page, ensuite la photo de couverture, celle-ci doit toujours me donner envie de lire la 4 ème de couverture si elle ne me correspond pas je n’y ferais pas un tour, le livre passera à la trappe. C’est comme un dîner si le visuel vous dégoutte vous n’aurez le même plaisir à le déguster que s’il vous avez plu.
Il y a deux livres qui me toque, la biographie d’un célèbre bouddhiste et un roman basé sur des faits réels, après les amours interdits je vais plancher sur le bouddhisme histoire de changer de décor et d’orientation mentale. J’apprécie la spiritualité c’est une liberté que de pouvoir être soi.
Allongée sur le ventre, les jambes pliées, les pieds pointant le ciel et une sucette à la bouche je dévore cet esprit si puissant en oubliant pas d’engloutir chaque gramme de vitamine spirituelle.
Tout cela donne vraiment faim, mais rester allongée des heures ma inondée de flemmardise, j’ai pas envie de me bouger et transpirer en cuisine, c’est mon moment plaisir alors une énorme pizza bien grasse et savoureuse de chez Rigi fera l’affaire. Mon estomac gargouille d’avance. Pourvu que ce soit Julie qui me livre, c’est une fille sympa, qui de sa bouille si pure vous illumine en un instant.
Je commande.
Une pizza XXL au saumon sauvage, crème fraîche, fromage, poivron, champignon et un œuf mollet au centre.
30 minutes d’attente.
Débarbouillage, il me faut être « propre » un minimum pour ouvrir la porte lorsque mon repas arrive.
Sa frappe, la voilà, je m’empresse vers l’odeur alléchante qui m’attend sur le palier ouvre et d’une plaisanterie enfantine salut Julie comme à mon habitude mais à ma grande surprise ce n’est pas Julie … Oups … Un grand monsieur tout en sueur se trouve là tenant la boite en carton au creux de ces immenses mains.
– Bonjooour! pardonnez moi je pensais que c’était Julie. Et oui être en pyjama et faire la grimace ce n’est pas ce qui se fait de mieux pour un inconnu.
– Bonjour mademoiselle, il rit, ce n’est pas grave rassurez vous. Depuis ce midi je commence à comprendre que Julie avait beaucoup d’habitués.
1m80 environ, de long cheveux frisés, une carrure saillante, un bleu jean troué, des yeux panoramiques et une bouche pulpeuse me baragouine des mots auxquels je ne prête attention.
– Mais, mais où est Julie?
– Elle à prit quelques jours de congés je suis son demi-frère et la remplace un peu. Cela vous fera 20€, rajoute-t-il tout en me reluquant de la tête aux pieds.
-Ah oui, oui, bien sur, venez entrez, je vais chercher cela, ne faite pas attention au bazars.
Je fonce dans ma chambre chercher un billet.
– Voila tenez. Gardez le reste. Lui dis-je en étant encore rougissante de ma tenue. Il doit me prendre pour une gamine immature et dépourvue de sociabilité.
– Merci. C’est à vous tous ces livres? Vous travaillez dans ce domaine? Cela doit être épuisant de devoir lire autant?
– Non, non, enfin oui ils sont à moi mais j’aime ça lire.
-Ah d’accord, répond il en feuilletant deux trois pages.
Comme si il s’y intéressait vraiment, il me prend pour une geek avide de vie. Je le sent.
J’aime bien lire moi aussi cela me détend surtout après une longue journée en plus ça ouvre l’esprit et on se cultive par la même occasion.
– Oui, oui. Tenez votre argent prenez-le, insistais-je en lui montrant le chemin du retour. Il ne va quand même pas rester planté là à me raconter sa vie tout de même.
– Merci.
– Bonne journée à vous et bon courage. Politesse oblige.
– Merci à vous aussi, bonne lecture. Il rit à nouveau.
Pfff.
Je ferme la porte et me laisse glisser tout contre elle pour finir le cul par terre. Mais quel boulet celui-là. Je suis passée pour une imbécile là.
Je m’en fou. J’ai faimmm. Pas le temps de marronner.
Un délice, c’est trop bon. Çà me change du light quotidien. Un bon cheatmeal et ça repart.
Cet homme à perturbé mon environnement. Il faut que j’efface ce passage de ma tête et de ce qui m’entoure pour me réapproprier l’espace et l’énergie. Une petite séance de méditation sera mon allié.
Inspiration, expiration, visualisation du vide et du silence.
Ding, dong. Quoiiii!!! C’est qui çà encore? Zen reste zen . Ding dong. Et en plus ils sont impatient.
-Oui, oui j’arrive. Pff
-Re-bonjour, c’est encore moi, me dit-il tout sourire, lorsque j’entrouvre.
-Il y a un soucis, vous avez oubliez quelque chose?
-Non, je me suis permis de vous apporter çà. Comme vous êtes une vrai passionnée , je voulais vous faire découvrir cet auteur qui ma particulièrement touché, il est très peu connu alors lorsque je peux je le fait découvrir. Je ne voulais pas vous déranger, pardon!
(je sens qu’il va être contagieux ce type)
-Pas de problème j’allais m’y remettre, justement, c’est gentil à vous mais il ne fallait pas.
-C’est rien je vous assure, je ne vous dérangerais plus promis. N’hésitez pas à me dire ce que vous en pensez le jour où vous le finirai, enfin, si le cœur vous en dit.
-Promis je n’hésiterai pas. Merci encore.
Rougissant, il repart.
C’est quoi ce livre? La couverture est noire matte, très épaisse, Marc Derne je ne connais pas, le titre « Sous le chapiteau » ne m’évoque rien, l’écriture est très fine, de couleur or, pas d’image, ni quoique ce soit laissant imaginer l’histoire, pas même un résumé à l’arrière. C’est bizarre. Je ne sais si j’ai envie de le lire ou pas, c’est surement fait exprès, enfin je l’espère, garder une part de mystère pour que nos émotions se décuplent au fur et à mesure, pour que l’ont ne s’écrivent pas l’histoire avant même de le lire et qu’on se laissent porter au fil des aventures. A estimer, peut-être plus tard. Je verrais.
Je me replonge sous la couette qui a eu le temps de refroidir, j’étire chaque membres chaque muscles chaque infimes parties de mon corps et j’inspire, j’expire, en total harmonie avec la plénitude qui émane de cet instant. J’active la chaîne hi-fi, démarre le lecteur cd et déguste les merveilles de la forêt. Un peu de méditation, je me laisse emporter.
Lorsque l’ambiance se fin ma première pensée est pour ce fameux livre mystère, il me perturbe, en bien, en mal, je ne sais pas mais il me perturbe, j’ai envie de savoir de quoi il s’agit, quel thème, quel style, quel tournure est utilisée mais en même temps je n’ai pas envie de le commencer si c’est pour m’apercevoir que c’est horrifiant, sombre, mal écrit, sans âme ou complètement nul en plein milieu et perdre du temps pour ça.
… Bon pense à autre chose, une pile gigantesque de feuilles gribouillées de passion t’attends …
La section humoristique fera l’affaire. Celui-là: une bimbo qui offre un chiot à son p’tit ami bad boy pour lui apprendre à être un futur papa. Une histoire folle dingue en vue. « J’achète ». A la moitié du livre, une frustration grignote ma concentration, je ne cesse de lorgner cette masse sombre qui trône sur la boite vide de la pizza, comme si elle me fixe, que son mysticisme m’appelle pour que je l’ouvre. Çà donne froid dans le dos. Un sentiment désagréable. Je la regarde, je détourne les yeux, mon visage s’y retourne encore, j’ai l’impression que je ne peux contrôler cette pulsion, c’est de plus en plus flippant. Je me lève et le glisse sous la nappe, non, sous le canapé, heu non, à la poubelle c’est sa place il m’inspire rien de bon, m’en débarrasser sera plus intelligent. Waouhhh un simple bouquin me fait autant peur qu’un psychopathe. Mon cœur bat la chamade, les frissons m’empoignent, je n’ai jamais autant stressé sous mon propre toit. Je suis folle.
Quelle journée! La nuit se dévoile et ce silence tant désiré m’hérisse l’esprit. Je vais envoyer deux trois messages histoire de me vider la tête et souffler un peu. Elyse fera l’affaire elle adore raconter ces péripéties.
J’éteins mon téléphone portable une journée et les gens sont déjà affolés, entre les messages, les appels, les réseau sociaux je suis demandée. J’y répondrais plus tard. Elyse est là c’est ce que je voulais. Je lui explique mon début de weekend puis passe à ce mauvais trip à cause d’un foutu bouquin, elle rigole et ce moque de moi, me dit folle et me conseil de prendre plus qu’un weekend pour me reposer, j’en ai bien besoin selon elle.
Sacrée Elyse. Je l’adore.
Un texto apparaît :
– Re salut ça va pas endormie sur tes pages? Bien mangé? Alors tu as aimé ou pas?
C’est qui? Je ne connais pas ce numéro et en plus comment ce fait-il qu’il connaisse ma journée?
Pour le coup j’abandonne Elyse sans le vouloir. Comment je réponds, est-ce que je réponds déjà, il est 22 h! J’ai vraiment mal choisi mon weekend de repos moi!
Faut que je sache sinon je vais paniquer toute la nuit pour rien.
– Bonjour, à qui ais-je l’honneur? Je ne reconnais pas votre numéro.
– C’est moi, Julien le livreur de pizza.
Nooooon il est pas sérieux lui, il cherche à m’harceler??
– Comment avez-vous eu mon numéro?
– Lorsque vous avez passez commande le numéro est inscrit pour vous contacter en cas d’imprévu. Cela vous dérange? Comme je vous ai donné ce livre je me suis permis de le prendre afin de vous demander votre avis.
– Ah je vois, je ne m’y attendais pas. Je suis confuse de la situation.
– Je m’en excuse, je ne savais pas comment faire autrement pour vous joindre.
Avez-vous feuilleté le roman?
Il commence sincèrement à me gonfler celui-là avec son livre. Qui me dit que ce n’est pas une excuse pour me suivre et me pourrir la vie. Il est trop bizarre.
– Non pas encore. En toute sincérité il ne m’inspire rien en le voyant ainsi.
– Ah bon? On peut s’appeler pour en discuter?
– J’allais me coucher là.
– Ok. Je m’excuse de t’avoir embêté.
Un petit indice c’est une love story.
Bonne nuit à toi. Bises
-Merci à toi aussi. Love story sa marche c’est gentil de me l’indiquer.
Je ne sais plus quoi penser. Ma tête est pleine. Je m’endors sans m’en rendre compte.
Toute la nuit j’ai eu des flashs sur ce bouquin. J’ai mal dormi.
Vite un café et un bon p’tit déj .
J’ai eu le temps de réfléchir, si je veux être enfin tranquille avec tout cela et me débarrasser de cet énergumène, il me faut le lire une bonne fois pour toute.
Prenant mon courage a deux mains je récupère le livre dans ma poubelle à recycler, me pose sur un nuage de coussins face aux baies vitrées qui m’offrent un paysage blanc fabuleux et découvre la première page.
– A celle qui me lira et vivra ce que je vie tu me trouvera.
Michel.D
À peine prétentieux Monsieur, un macho?
La suite croustillante au prochain numéro 🙂
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